L’eau ! Sa rareté nous rendra-t-elle plus intelligents ?

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Environnement & Écologie

Édition n°13

jeu. 15-03-2018
Toulouse - La Dépêche du Midi

« L’eau ! Sa rareté nous rendra-t-elle plus intelligents ? »

Les invités

Erik ORSENNA

Erik ORSENNA

Économiste, écrivain
Membre de l'Académie française

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Martin MALVY

Président du Comité de bassin Adour-Garonne
Ancien Ministre et Président du Conseil Régional

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Informations complémentaires sur la conférence

L’eau a de la mémoire, donnons lui un avenir

L’eau a de la mémoire, il faut lui donner un avenir. «Sa rareté nous rendra-t-elle plus intelligents ?» C’était l’intitulé – volontairement provocateur – choisi pour la 13e édition des Rencontres de l’Occitanie, hier à Toulouse. «L’eau, un enjeu majeur» pour le maintien de la vie sur la planète bleue, insistait d’emblée Marie-France Marchand-Baylet, vice-présidente du groupe La Dépêche du Midi, en introduction d‘une conférence-débat suivie par un nombreux public…

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COMPTE-RENDU de Jean-Charles Raust
Coordination 65 : Gave de Pau, Adour, Neste, de l’Association Nationale pour la Protection des Eaux et des Rivières – établissement reconnu d’utilité publique le 22 avril 1985.

J’étais présent à cette rencontre et je ne regrette pas le déplacement. Merci aux deux intervenants d’avoir présenté la situation sans aucune ambigüité, avec  courage et grande responsabilité citoyenne.

Erick Orsenna a fixé d’entrée la hauteur des enjeux. Il a parlé « D’ALERTE ROUGE » et au centre d’une explication de la situation mondiale peu encourageante  qu’il maîtrise brillamment il a bien précisé que le bassin Adour- Garonne serait le plus impacté des 6 bassins  Français, et qu’il fallait comprendre que l’on se trouvait au début de la  FIN D’UN CYCLE DE CLIMAT TEMPÉRÉ. En précisant bien sur que, prévisions météo et prévisions climatiques étaient deux choses bien différentes. Les choses sont on ne peut plus claires.

Martin Malvy lui aussi a énuméré les neufs points principaux du rapport « Eau et changement climatique en Adour-Garonne »  et du futur PACC (Plan adaptation changement climatique) qui doit être validé en juillet 2018. Sa présentation elle aussi a été sans faille.

Je vous présente donc les 9 points rouges évoqués par Martin Malvy et qui seront  la base de réflexion du  PACC  du Comité de bassin  Adour Garonne. En amoureux de nos rivières il est nécessaire de les connaitre. On ne pourra pas dire que ce n’était pas écrit et je redis écris avec beaucoup de courage par les services du Comité de Bassin. Le débat a été ouvert le 15 mars, je me jette à l’eau, pour vous tenir informés.

Pour le bassin Adour-Garonne, le changement climatique engendrera des modifications hydrologiques majeures et aura donc des répercussions importantes pour la gestion de l’eau et pour les milieux aquatiques. D’ici 2050, tous les modèles et savoirs scientifiques convergent pour prédire
– Une élévation du niveau de la mer, de l’ordre de 21 cm en 2050 (et de façon très probable comprise entre 60 cm et 1 m en 2100).
– Une augmentation de la température moyenne annuelle de l’ordre de + 2°C.
– Une légère baisse des précipitations annuelles comprise entre -5% et -15% mais une augmentation des situations extrêmes (sécheresses, crues et inondations).
– Une raréfaction de la neige sur les massifs.
– Une augmentation de l’évapotranspiration comprise entre +10% et +30%.
– Une augmentation de la sécheresse des sols.
– Une baisse moyenne annuelle des débits comprise entre -20% et -40% et de l’ordre de -50% en période d’étiages qui seront plus précoces, plus sévères et plus longs.
– Une tendance le plus souvent à la baisse de la recharge des nappes, très variable selon les secteurs et le type de nappes, allant de +20% à -50%.
– Une augmentation significative de la température de l’eau.

Après  cette lecture on nous prédit donc un des pires scénarios que l’on puisse imaginer. Le bassin Adour Garonne situé au sud ouest de la France va donc subir de plein fouet le changement climatique.  J’adhère à cette hypothèse de réchauffement climatique depuis longtemps et je comprends mal les climato-septiques, surtout quand ils se nomment Trump . . . Je sais aussi qu’il existe de grands cycles,  glaciation réchauffement, mais je pense  que la folie d’expansion technologique et d’industrialisation  de Sapiens affole les compteurs. Tout ce qui se passe dans les rivières du monde, comme l’a si bien dit Erick Orsenna, Gange, Nil, Tigre, Euphrate, Tage, Mississipi, Colorado  . . . sont des exemples trop nombreux pour que nous fermions les yeux. Nous sommes au cœur de la PMA (Protection des milieux aquatiques).

2040, 2050 c’est demain, allons nous  être capable d’anticiper cet état de crise grave, et faire les transformations et révolutions qu’il va nous falloir apporter à nos habitudes et comportements.

Au début je ne comprenais pas pourquoi nos Pyrénées n’allaient pas nous protéger mieux que cela, surtout pour les débits d’étiage. Après questionnement je comprends mieux. Nos glaciers, (voir les photos du glacier d’Ossoue), étaient nos protecteurs, seulement ils sont en fin de vie. Ils ne vont plus nous apporter cette sécurité qu’ils nous donnaient pendant la période d’étiage. Cette analyse est essentielle. Que vas t’il se passer pour les réserves de glace souterraines ?

Que veut dire ce message ? « ALERTE ROUGE ».

Si nous ne nous sensibilisons pas avec, nos politiques, petits et grands responsables de la citée d’Occitanie, je pense que nous allons vers de graves désillusions pour nos petits enfants. Pêcher l’ablette au lieu du saumon n’est sans doute pas si important que cela en soit, face à une pénurie d’eau potable. L’aire de répartition de nos salmonidés va se réduire obligatoirement s’il y a une élévation significative de la température de l’eau. J’imagine mal mon ami Robert Menquet assis sur un siège en taquinant l’ablette au pool de Massey en 2040, puisque l’ablette va occuper la niche écologique du saumon.

Ce qu’il  faut mettre en place est une véritable révolution individuelle et collective pour sauver ce qu’il va rester à sauver.  Il faut que le Comité de bassin devienne une assemblée représentative  citoyenne, avec plus d’experts et d’associations  et peut être moins de politiques et de lobbyistes. Ne faut ‘il pas réfléchir à un nouvel état major avec une composition innovante, car bien sur il va falloir un  général pour mener à bien cette mission.

J’exprime un regret face au débat.  Le côté législatif n’a pas été abordé, il me parait pourtant essentiel, le temps a sans doute manqué. Trois révolutions sont à mettre en place :
* Révolution chez les responsables de la cité.
* Révolution citoyenne.
* Révolution agricole. Révolution agricole qui va devoir tendre en plusieurs phases vers, agriculture raisonnée, agro écologie, biodynamique. Pour moi les agriculteurs ne sont pas des ennemis, je connais trop les difficultés des moyennes et petites exploitations de montagne et la déprise agricole dans nos vallées Pyrénéennes. Ils sont comme nous victimes des « grands systèmes ! vous voyez de qui je veux parler ».

N’oublions pas ce qui doit nous rassembler :
– L’eau RES PUBLICA.
– Le 1 er mars 2005 le congrès a donné une valeur constitutionnelle à la charte de l’environnement de 2004 au même titre que la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Cette charte prévoit en son article 2 que « toute personne a le DEVOIR de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement ». Nous sommes au vif du sujet.

Nous sommes tous égaux devant nos responsabilités, mais le terme de DEVOIR va demander sans aucun doute plus d’engagement pour les serviteurs de l’état, politiques et responsables de grandes entreprises ou de production que pour un simple citoyen. Même si faire le colibri sera indispensable.

Pour cette première semaine d’ouverture de notre passion, je suis désolé de ne pas avoir de meilleures nouvelles pour nos rivières à vous annoncer, mais je pense que ce message doit être entendu.

Retrouvez le compte-rendu paru dans La Dépêche du Midi

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