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Extraits de l'intervention de Luc Frémiot
"Je suis parfois ulcéré, souvent sidéré, lorsque je vois que des plaintes ont été refusées, lorsqu’on a renvoyé des femmes chez elles, sous prétexte qu’elles n’ont pas de certificat médical, qu’elles ne portent pas sur elles des traces visibles de violence, c’est insupportable. Ce sont des choses qui ne doivent pas exister, et qui existent encore …"
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"C’est impossible de considérer qu’on peut être un bon père et un mari violent. Les enfants sont des éponges, ils absorbent tout ce qu’ils peuvent voir (…)."
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"On est en train, encore une fois, de s’occuper des femmes qui ont fait l’objet de violences (…) moi ce qui m’intéresse, c’est d’éviter qu’il y ait des violences (…) Ce sont sur les causes qu’il faut travailler."
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"La solution est très simple : Un, tolérance zéro. Deux, prise systématique des plaintes. Trois, éloignement du domicile conjugal de l’auteur avec bracelet électronique, de manière à ce que ce soit la femme qui reste chez elle. Ce n’est pas à une femme de quitter son domicile, avec ses enfants sous le bras, à la recherche d’un foyer d’urgence. C’est un scandale, c’est inacceptable et le Gouvernement est démissionnaire quand il prend des mesures de cette nature qui consiste à pousser ces femmes à quitter le domicile familial."
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"L’opinion publique est très versatile. Je me souviens de la façon dont l’opinion publique s’est réveillée à l’occasion de l’affaire Alexandra Lange. On demande l’acquittement d’une femme qui vient de tuer son mari, tout le monde en parle, il y a un focus sur le sujet. Ensuite, il y a à nouveau une espèce de forme d’assouplissement de l’opinion publique, on n'en parle plus. On se réveille brusquement et on ouvre de grands yeux étonnés au moment de l’affaire Jacqueline Sauvage (…) Heureusement que la presse est là (…) elle joue un rôle déterminant. C’est grâce à (elle) que cette conscience collective s’éveille et continue à réfléchir sur le sujet."
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"Aujourd’hui il faut dire les choses, et tant qu’on ne les dira pas, tant qu’on ne les posera pas, on n’avancera pas d’une virgule."
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"Bien sûr qu’il faut travailler sur la formation, c’est un effort collectif qui commence par l’éducation des parents, de l’Éducation Nationale, ... Toutes les personnes qui peuvent approcher les enfants ont un rôle déterminant à jouer."
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"Je pointe la passivité des magistrats (…). J’ai demandé, à l’occasion d’une pétition que j’ai mis en ligne sur change.org avec Eva Darlan, qui s’est beaucoup impliquée dans la lutte contre les violences faite aux femmes, qu’une enquête soit menée (…) sur les, je n’ose même plus compter, les 105, je reprends l’expression « féminicides » depuis le début de l’année et moi ce que je souhaite c’est qu’il y ait une enquête sur chaque affaire, qu’elles soient rendues publiques, que l’on sache pourquoi il y a eu ces décès et s’il y a eu des fautes, qu’on sanctionne, tout le monde, magistrats compris. Ce n’est pas acceptable. Et il n’y a que lorsqu’on aura pris ce type de mesures-là qu’on arrivera à avancer."
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"On a aujourd’hui un arsenal qui est complet, malheureusement il n’est pas appliqué, c’est ça le problème. Alors il y a toujours des améliorations que l’on peut faire (…) mais si on se contentait déjà d’appliquer la loi, c’est-à-dire si on prend systématiquement les plaintes, que les Parquets suivent, que les choses sont faites, alors ça fonctionne. Ce qui me gêne toujours, c’est quand on s’abrite derrière le manque de moyens. Alors effectivement on manque de moyens, tout le monde manque de moyens, que ce soit les services de police ou de gendarmerie, les associations (…) mais on ne peut pas toujours s’abriter derrière ce manque de moyens, il faut appliquer la loi, il faut une politique volontariste (…)."
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